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Le conte Kabyle du chacal

Le chacal est un animal emblématique des montagnes de Kabylie. Les habitants de la région lui attribuent des qualités de ruse et de malice. De nombreux contes kabyles relatent les (més)aventures du chacal. Il est le plus souvent confronté à l’humain à qui il essaye par tous les moyens de soutirer de la nourriture. Le conte kabyle que je vous propose aujourd’hui est une succession d’arnaques et de mensonges dont le but est d’obtenir toujours plus, toujours plus grand, en partant de rien.

Il était une fois un chacal qui errait dans les montagnes de Kabylie, une épine coincée dans sa patte. Il rencontra une vieille dame qui allait chercher de l’eau à la fontaine. Le chacal lui dit : “Ayema, libère-moi de cette épine”. La vieille dame lui retira l’épine et la jetta dans le maquis. Le chacal pleurait et lui demandait de lui rendre son épine, ce que la vieille dame ne pouvait faire : “Ayelli, j’ai jeté ton épine, mais à la place, je te donnerai un œuf”. Elle l’emmena alors dans sa maison et lui donna un œuf.

Le chacal continua sa route jusqu’au village le plus proche où il demanda aux gens de l’héberger : “Oh gens du village, hébergez-moi pour la nuit”. Une fois dans la maison, il demanda où il pouvait ranger son œuf. “Range-le à côté du bouc”, lui répondirent ses hôtes.
Durant la nuit, le chacal mangea son œuf et suspendit les coques aux cornes du bouc pour lui faire porter le chapeau.
Au petit matin, il demanda des comptes à ses hôtes qui lui proposèrent un autre œuf. Mais le chacal refusa : “C’est le bouc qui a volé mon œuf, alors j’emmène le bouc”. Et il emmena le bouc avec lui.

Au village suivant, le chacal demanda aux gens de l’héberger : “Oh gens du village, hébergez-moi pour la nuit”. Une fois dans la maison, il demanda où il pouvait laisser son bouc. “Laisse-le à côté du cheval”, lui répondirent ses hôtes.
Durant la nuit, le chacal mangea le bouc et suspendit ses intestins aux oreilles du cheval.
Au petit matin, il demanda des comptes à ses hôtes qui lui proposèrent un autre bouc. Le chacal refusa : “C’est le cheval qui a volé mon bouc, alors j’emmène le cheval”. Et il emmena le cheval.

Au village suivant, le chacal demanda aux gens de l’héberger : « Oh gens du village, hébergez-moi pour la nuit”. Une fois dans la maison, il demanda où il pouvait attacher son cheval. “Attache-le à la crèche de la vache”,lui répondirent ses hôtes.
Durant la nuit, le chacal mangea le cheval et suspendit ses intestins aux cornes de la vache.
Au petit matin, il demanda des comptes à ses hôtes qui lui proposèrent un autre cheval. Le chacal refusa “C’est la vache qui a volé mon cheval, alors j’emmène la vache”. Et il emmena la vache.

Au village suivant, le chacal demanda aux gens de l’héberger : « Oh gens du village, hébergez-moi pour la nuit”. Une fois dans la maison, il demanda où il pouvait attacher sa vache. “Attache-la au lit de la jeune fille”, lui répondirent ses hôtes.
Durant la nuit, le chacal mangea la vache et déposa ses intestins à côté de la jeune fille.
Au petit matin, il demanda des comptes à ses hôtes qui lui proposèrent une autre vache. Le chacal refusa “C’est la jeune fille qui a volé ma vache, alors j’emmène la jeune fille”. Ses hôtes lui apportèrent alors la jeune fille dans un sac.

Le chacal continua sa route jusqu’à la colline où il ouvrit son sac pour manger la jeune fille. Mais au lieu de découvrir sa proie, deux chiens sont sortis du sac. Le chacal s’enfuit en direction de la forêt, poursuivi par les deux chiens qui le rattrapèrent et mangèrent.

La morale de ce conte kabyle est qu’on finit toujours par tomber sur plus rusée que soi. Le mensonge et la tromperie ne durent qu’un temps et le chacal l’a appris à ses dépends. Si vous avez apprécié ce conte kabyle, alors d’autres histoires vous intéresseront dans la catégorie Folktales.

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