Le Tassili n’Ajjer est un parc culturel situé à l’extrême sud-est de l’Algérie. Ce territoire perdu aux confins du Sahara algérien est longtemps resté méconnu car la région a connu une importante instabilité sécuritaire et politique ces 30 dernières années. Mais désormais, la région est de nouveau sécurisée et ouverte au tourisme, et nous en avons profité pour nous offrir un voyage au Tassili n’Ajjer !

Le Tassili n’Ajjer est un haut plateau de 1000 m à plus de 2000 m d’altitude, ce qui n’est pas commun dans le Sahara. Le parc est fait de formations rocheuses sculptées autrefois par l’eau et aujourd’hui par le vent, de grandes dunes de sable et de petits lacs, appelées Guelta, qu’on peut trouver dans les canyons et les gorges.

Ce territoire est l’un des plus arides de la planète, avec des pluies tous les trois ans en moyenne. La principale ville de la région est Djanet, l’une des deux capitales des Touaregs avec la ville de Tamanrasset.

Nous avions prévu une petite semaine pour ce voyage au Tassili n’Ajjer, et c’était clairement trop court, mais nous sommes tout de même contents de ce que nous avons pu voir. Il est certain que nous y retournerons, aussi bien pour visiter le Tassili n’Ajjer que le Parc culturel du Hoggar qui se trouve à 700 km plus à l’ouest.

L’Algérie : de la méditerranée au Sahara

Si le Tassili n’Ajjer est l’une des perles de l’Algérie, le pays, étant donné sa taille et sa situation géographique, compte un très grand nombre de sites naturels d’exception. En Algérie, il est possible de se baigner en mer Méditerranée le matin, de déjeuner dans une station de ski à midi, et de dîner les pieds dans le sable du Sahara le soir. En effet, seuls quelques centaines de kilomètres séparent la mer méditerranée du Sahara.

Plusieurs chaînes de montagnes séparent la côte algérienne du désert. Parmi elles, la chaîne du Djurdjura en grande Kabylie, et la chaîne des Aurès dans la région du même nom. Ces deux chaînes montagneuses offrent également des paysages exceptionnels. D’ailleurs, en 2024, la Nasa a baptisé trois régions de la planète Mars au nom de régions algériennes : Le Tassili n’Ajjer dans le Sahara, le Djurdjura en Kabylie et Ghoufi dans les Aurès. Un hommage rendu aux plus beaux paysages d’Afrique du Nord.

L’Algérie offre donc un large panel de sites naturels assez différents et de vestiges historiques datant de différentes périodes préhistoriques, romaines ou ottomanes. Voyager en Algérie permet de profiter de tous ces paysages. Toutefois, étant donné les distances à parcourir et le temps nécessaire pour visiter, on vous conseille de prévoir plusieurs séjours si vous voulez visiter tout le pays. A minima, prévoir un voyage pour visiter le nord de l’Algérie, et un second pour l’extrême sud.

Le Sahara, un territoire vaste et divers

En Berbère, le mot Sahara se prononce au pluriel. En effet, les Touaregs, les Berbères du Sahara, considèrent qu’il y a plusieurs déserts différents en Afrique du Nord.

Certaines parties du Sahara comme le Sahara tunisien ou la région de Oued Souf en Algérie sont situées en dessous du niveau de la mer. Ces régions sont essentiellement constituées de dunes de petite taille au sable très fin. La nappe phréatique y est proche, ce qui permet à une végétation assez variée de se développer. On trouve également un grand nombre de lacs salés dans ces parties du Sahara. Et qui dit végétation riche, dit insectes, reptiles, puis oiseaux et mammifères.

D’autres parties du Sahara comme le Tassili n’Ajjer sont au contraire en altitude. La nappe phréatique est très loin et ces parties du Sahara sont beaucoup plus arides, avec moins de végétation qui s’y développe. Ces régions sont rocheuses, avec une alternance de dunes de très grande taille, parfois de plus de 300 m de hauteur.

Cette diversité rend particulièrement intéressants et excitants les voyages dans le Sahara, car ils permettent à chaque fois de découvrir un nouvel aspect de ces environnements extrêmes, où seules quelques espèces comme les fennecs, les scorpions ou certains scarabées se sont adaptées pour y survivre.

Le Tassili n’Ajjer, un voyage sur les traces de l’humanité !

Le Tassili n’Ajjer est un parc inscrit sur la liste du patrimoine mondial de l’UNESCO depuis 1982. Il a aussi été déclaré réserve de biosphère quatre ans plus tard. Plusieurs espèces menacées d’extinction sont présentes dans le parc. Autant vous dire l’intérêt majeur pour ce site naturel, autant pour l’humain que pour la vie sauvage.

Les gravures et peintures rupestres du Tassili n’Ajjer

Il est impossible de décrire réellement ce que l’on ressent devant des gravures rupestres qui datent de 8000 ans. Nous avons eu la chance de faire ce voyage au Tassili n’Ajjer et de voir un grand nombre de ces gravures et peintures rupestres. Mais le plus incroyable réside en les sujets abordés dans ces gravures. Si certaines présentent des scènes de rites religieux, la majorité montrent la vie des humains qui vivaient là à travers des scènes de chasse et de fêtes. Et dans ces tableaux, en fonction de la période, les animaux représentés diffèrent complètement. En effet, certaines scènes présentent des girafes tandis que d’autres des animaux de la savane ou du Sahara. Et l’explication est simple : dans ce même endroit du Sahara, le climat a complètement changé au fil des âges !

Saviez vous que le Sahara était une mer intérieure, puis une jungle, puis une savane ? Ces gravures rupestres sont la preuve vivante que dans les paysages de désolation du Tassili n’Ajjer vivaient autrefois des millions d’animaux et des espèces présentes aujourd’hui plus au sud de l’Afrique, là où l’eau est disponible toute l’année.
À l’heure des grands bouleversements climatiques et des défis auxquels l’humanité doit faire face, ce voyage au Tassili n’Ajjer nous a permis de voir qu’un même endroit peut être un jardin d’Eden et par la suite devenir un désert où seules quelques espèces adaptées vivent.

Les paysages du Tassili n’Ajjer

Les paysages du Tassili n’Ajjer sont dignes de paysages martiens, tant l’environnement y est minéral, chaud et dramatique. Tantôt un mélange de dunes et de roche, tantôt des canyons profonds où il est très facile de se perdre, tantôt des centaines de monolithes qui se dressent vers le ciel, les paysages du Tassili nous ont surpris par leur diversité et leur beauté. Certes, nous avons dû les mériter en marchant plusieurs jours pour atteindre des sites inaccessibles en véhicule motorisé, mais l’effort en valait largement la peine !

Par ailleurs, les gorges et les canyons étaient aussi impressionnants qu’inattendus. Il suffisait de s’engager dans une faille pour se retrouver dans un labyrinth de roche où il était impossible pour nous de nous orienter. Notre guide touareg était par contre complètement à son aise dans son environnement. Il n’avait besoin ni de carte, ni de GPS, tout était inscrit dans sa mémoire !

Les paysages du Tassili n’Ajjer sont ponctués ici et là par des touffes d’herbes, mais surtout par de majestueux acacias dont les longues épines nous ont vite dissuadés de nous abriter du soleil. Ces épines tombent dans le sable et peuvent même transpercer des chaussures de randonnée.

Parfois, au fond d’un canyon ou d’une gorge, nous trouvions un point d’eau, comme une mini oasis au milieu du désert. Ces points d’eau (les gueltas) sont utilisés depuis des milliers d’années pour boire, se laver et abreuver leurs animaux.

Enfin, ici et là, nous avons croisé des blocs de roche chargées en pigments. Ce sont ces pigments qui ont été utilisés dans les peintures rupestres. Ces pigments sont présents sur les montagnes et les rochers, créant parfois de très beaux camaïeux de couleurs.

Séfar, le village troglodyte du Tassili n’Ajjer

Séfar est tout simplement le plus grand village troglodyte du monde et un musée à ciel ouvert ! Ce lieu a compté plusieurs milliers d’habitants durant la préhistoire jusqu’à des périodes plus récentes.
Perché sur le plateau du Tassili n’Ajjer, Séfar était seulement connu des touaregs, qui l’évitaient toutefois car certaines peintures rupestres païennes les effrayaient.

Séfar compte environ 15000 gravures et peintures rupestres qui décrivent la vie de nos ancêtres sur une période de 8000 ans. Cet art rupestre est l’une des preuves du changement climatique qu’a connu la région. Il est un témoignage des migrations des animaux, des changements de flore et de la culture des humains en Afrique du Nord et en Afrique Subsaharienne.

Durant notre voyage au Tassili n’Ajjer, nous avons vécu des émotions incroyables à Séfar. Ce site historique nous a réellement marqués. Nous avions l’impression de marcher sur les traces de nos ancêtres. Voir leur quotidien, leurs préoccupations, leur art, était un privilège !

Par ailleurs, dormir à Séfar nous a permis de vivre pleinement cette expérience, un peu comme un voyage dans le temps, une immersion. Nous avons passé la journée à nous balader dans ce labyrinthe en découvrant à chaque détour une peinture ou une gravure rupestre. Les formations rocheuses étaient également impressionnantes. D’ailleurs, il est impossible de visiter Séfar sans guide. Autant vous dire qu’on se serait perdus au bout de 5 minutes.

Enfin, le clou du spectacle à Séfar était de découvrir la fresque du “Grand dieu”. Une scène de 20m² qui représente entre autres, un grand personnage nommé Grand dieu. On ignore si ce personnage était un dieu, un démon ou tout autre représentation. Mais ce qui est certain, c’est qu’il s’agit d’une figure importante, tant sa taille est imposante.

Les touaregs, un peuple autochtone et une culture ancestrale

Les touaregs sont une ethnie Berbère qui vit au sud de l’Algérie, mais aussi en Libye, au Niger, au Mali et au Burkina Faso. Historiquement nomades, ils se sont peu à peu sédentarisés dans les principales villes du Sahara. Les touaregs du Tassili n’Ajjer vivent dans la petite ville de Djanet. Ils font partie du groupe Kel Ajjer et parlent le Tamahaq, une variante Berbère des touaregs. Ils maîtrisent également le français et, pour certains d’entre eux, l’anglais. Il est donc plutôt facile pour un touriste de communiquer dans la région.

La culture Touareg est une culture ouverte aux autres. Durant notre voyage au Tassili n’Ajjer, nous avons été surpris par l’accueil, la bienveillance et la curiosité des Touaregs. Malgré leur isolement, ils restent ouverts sur le monde. La seule chose qu’ils demandent en retour est le respect de leur culture. Si vous les considérez comme vos égaux, alors ils vous ouvriront grand la porte de leur maison.

Les Touaregs connaissent parfaitement le territoire du Tassili n’Ajjer. Là où vous ne verrez qu’un désert de roche et de sable, ils y voient leur environnement de prédilection.
Les touaregs travaillent aujourd’hui dans le tourisme, mais aussi dans le commerce et l’agriculture. Il est d’ailleurs impressionnant de voir à quel point ils sont actifs et dynamiques dans un environnement aussi extrême que le Sahara.
Le peuple touareg a été l’autre découverte de notre voyage dans le Sahara algérien.

Une randonnée dans le Tassili n’Ajjer

Durant notre séjour dans le Sahara, nous avons eu la chance de faire une randonnée dans le Tassili n’Ajjer. Cette randonnée de 4 jours nous a notamment mené au village de Séfar. Il faut préciser que nous étions début novembre. La météo était donc clémente mais les températures en journée avoisinaient tout de même les 30 degrés , tandis que la nuit il faisait frais (entre 8° et 12°).
Nous avons été surpris des différences de températures lorsque nous passions à l’ombre durant quelques temps. Avec la petite brise, nous avions même frais et avons enfilé une veste en polaire !

Randonner dans le Tassili n’Ajjer n’a pas été facile. Si les gorges et les canyons permettent de s’abriter du soleil et de marcher dans de bonnes conditions, certaines parties sont d’immenses plateformes rocheuses qu’il faut traverser en plein soleil. Il faut donc prévoir de quoi se couvrir la tête et le corps, une bonne crème solaire et des lunettes de soleil.

Par ailleurs, le terrain étant rocheux, de bonnes chaussures de marche montantes sont nécessaires, notamment pour protéger les chevilles des entorses.

Enfin, étant donné le dénivelé important certains jours (jusqu’à 900 m de dénivelé), il est important de s’entraîner pour un trek avant de se lancer dans cette aventure.

En ce qui concerne l’équipement et les vêtements, nous avons utilisé nos équipements habituels de randonnée au printemps ou en automne. Nous avons consacré un article sur le matériel de trek en autonomie il y a quelques mois.
Etant donné que nous voyagions dans le Sahara, nous avons également emporté un panneau solaire de randonnée. Nous avons pu recharger nos téléphones et nos appareils photo sans problème avec un seul panneau. Il est d’ailleurs impressionnant de voir l’efficacité des panneaux solaires dans le Sahara!

Obtenir un visa pour l’Algérie

Pour voyager en Algérie, les européens et les américains ont besoin d’un Visa d’entrée. Ce visa est plutôt facile à obtenir et coûte entre 90€ et 120€ en fonction des nationalités. Mais depuis 2022, l’Algérie propose une procédure d’obtention de visa à l’arrivée, autrement dit à l’aéroport. Mais cette procédure concerne uniquement les départements du Sahara. Il y a donc deux procédures d’obtention de visa distinctes que nous vous décrivons ici.

Obtenir un visa pour l’Algérie via le consulat

Cette première procédure consiste à se rendre directement au consulat d’Algérie le plus proche de chez vous pour y déposer un dossier de demande de visa pour l’Algérie. La procédure est assez simple et les pièces demandées faciles à obtenir. Pour cette demande de Visa, les frais sont autour de 100€.
Enfin, les délais d’obtention d’un visa au consulat d’Algérie sont généralement de 14 jours.